Alfonso Di Serato est un homme de foi : c'est incontestable et probablement sa plus grande qualité. Il ne jure que par Dieu et a maintes fois prouvé sa loyauté envers lui au fil des années. De par sa prestance, son âge et sa renommée, c'est quelqu'un qui sait se faire respecter sans toutefois en jouer. Alfonso sait pertinemment que l'orgueil est une vertu du Diable dont son Seigneur a su le préserver : il a toujours fait preuve de beaucoup d'humilité. De ce fait, même s'il est connu de toute l’Église, il demeure assez discret, dans sa profession comme dans sa vie privée, et au fond, peu de gens le connaissent véritablement. Avec l'âge, Alfonso a su apprendre de ses erreurs : en plus d'être cultivé, il est relativement diplomate et ne se laisse pas surprendre par les événements qui surgissent si facilement qu'on pourrait le croire.

La foi lui a attribué une autre qualité plutôt rare : la patience. Il est de ces hommes qui aiment apporter leur propre expérience à la génération future et qui ont surtout les capacités pour le faire. S'il se montre parfois franc et sévère, il n'en est pas moins un bon enseignant. Alfonso Di Serato est plutôt désigné comme quelqu'un de têtu ; il faut dire qu'il ne décroche pas facilement d'une idée qui lui est propre. Il est très rare qu'il accepte les critiques – sur ses choix dans sa profession, et non sur lui-même – lorsqu'elles proviennent de gens qu'il ne connaît que peu. Par ailleurs, étant du début du siècle, il n'a pas forcément su évoluer en même temps que l’Église – si toutefois celle-ci a évolué – et possède toujours des visions obtuses sur certains domaines.

Même s'il le montre relativement peu, Alfonso est un homme âgé qui sait s'attacher aux gens qui l'entourent : ses proches lui sont très chers. N'ayant pas de descendance et plus de famille, il se sent obligé de les protéger. Malgré tout, il est rare qu'Alfonso montre ouvertement ses sentiments, aussi chastes soient-ils. Ce n'est pas une chose facile pour lui que de faire part de ses émotions à son entourage.

Mais si Alfonso a beaucoup de qualités et de dévotion en Dieu et en l’Église, il n'en est pas moins un homme. Et il sait pertinemment que les démons tentent tout le monde, à commencer par les prêtres. Il est vrai que durant sa vie, qui fût bien longue et bien remplie, il a, une seule fois, manqué aux ordres de Dieu. Non pas qu'il ait désobéi ou que sa foi fût brisée, non... Il a été tenté. Tenté au plaisir de la chair par une infâme sorcière dont le Diable s'était sans aucun doute payé les sombres services. Ce secret, c'est son point faible. Même parmi les personnes qu'Alfonso côtoie, peu sont au courant. S'il s'est confessé maintes fois, il n'en reste pas moins affligé et marqué à vie par la manipulation dont elle a su faire preuve. Bien sûr, il regrette. Et il a honte. Terriblement honte.

De toute façon, Alfonso est très âgé. Il sait que la vie se terminera bientôt pour lui, que son cœur cessera bientôt de battre dans sa poitrine. Ce qu'il a fait, il ne le regrette pas – ou presque. Il est fier d'avoir combattu les ennemis de Dieu en son nom et tant qu'il lui restera un souffle de vie, il continuera de le faire. S'il n'a pas peur de la mort – car il espère que Dieu le recevra dans l'au-delà –, il craint terriblement la souffrance que les suppôts de Satan pourraient lui infliger avant de rendre l'âme. Car oui, si Alfonso doit mourir, ce sera au combat.