Night without Moon

CRÉDIT - CSS

Une ombre se mouvait d’un pas alerte et léger sous l’ombre noire de la nuit. Elle avançait par cette soirée sans lune dans l’obscurité totale d’une ruelle de Whitachapel. Eslyn écarta sa large capuche en velours rouge et laissa l’air frais lui fouetter le visage. Le vent était léger et apportait des odeurs non pas délicates, mais terriblement humaine, une puanteur hors norme, mêlant alcool, tabac et sexe qui pourtant ne déplaisait pas à la jeune femme. Elle avait déceler dans le coin d’une ruelle une jeune et jolie prostituée qui marchait de long en large attendant un éventuel client. Quel dommage, gâché un si joli visage pour un travail si ingrat pensa-t-elle. Elle continua son chemin, délaissant la catin et son irrésistible odeur de sang.

Cela faisait quelques heures déjà qu’elle trainait les rues sans véritables objectif, c’était un quartier malfamé dont la fort mauvaise réputation l’avait poussé à venir s’y promener, l’idée de se faire attaquer bizarrement l’excitait et il semblait qu’il n’y avait meilleur endroit pour ce faire attaquer. Elle avait dissimuler un couteau sous sa large cape, prête à le faire jaillir pour faire couler quelques gouttes du liquide de vie, elle était d’humeur sanglante bien que la pleine lune ne s’annonce pas avant une ou deux semaines. Elle esquissa un sourire malsain à l’idée de pouvoir épancher sa soif de cruauté. Ses pas ne la menaient nulle part, seulement dans une ombre permanente, qu’elle connaissait par cœur. Son cœur battait une chamade délicate et le son régulier de l’organe résonnait comme une douce mélodie à ses oreilles. Elle pouvait y fredonner une petite chanson, elle laissa vaquer son imagination pour associer quelques paroles à la musique de son myocarde.

Elle descendait les rues
Le regard perdu
Poupée de porcelaine
Juste un parfum de haine.

Elle laissait sa voix s’élever dans le doux silence, le briser en un millier de petits éclats. Sa petite chanson la berçait et lui donnait une irrésistible envie de danser. Elle se rappelait ses moments de plaisir lorsque sa mère lui apprenait à danser sous les arbres sur une musique invisible et avec un cavalier inexistant, elle se laissait alors uniquement porter par son imagination et imaginait des pas farfelues qui mêlaient grâce et instinct de prédateur. Tantôt souple et délicate, tantôt féline et dangereuse. C’était des moments de bonheur, elle vivait en parfait harmonie avec son monde et même si aucune tristesse n’émanait de la perte de sa mère, ne lui restait au fond qu’une légère mélancolie d’un passé où la solitude n’était pas le maître mot de son existence.

Enfin elle arriva à ce même endroit où elle s’était tenu quelques semaines plus tôt, de cette place même, dissimulée dans un recoin sombre, elle avait observé la Mort fauché sa mère. Elle se souvenait parfaitement de la silhouette svelte mais pourtant si masculine qui avait fuit les lieux. Elle voulait terriblement le retrouver connaître les raisons de ce meurtre et s’occuper elle-même de ce dernier. Alors qu’elle était totalement perdue et plongée dans ses pensée, une ombre apparu au coin opposé de la rue, le bruit de ses pas résonnait dans la nuit.