La damnation a un nom [Sujet pv avec Alistair Blackwell]

La damnation a un nom [Sujet pv avec Alistair Blackwell] 00668a10

«L'ambition est un sentiment noble,
Ce qui la pervertit, c'est l'obsession.
L'ego n'est qu'une ombre et une illusion.
Toute vie est une - et c'est toi-même.»

- Je ne délogerai pas au siècle de liberté et de tolérance.
Marmonnant pour elle même ces mots, Briséis se trouvait dans le hall d'entrée du temple, assise sur la chaise qui l'attendait tous les jours, derrière ce même bureau dont elle se servait aussi quotidiennement et qu'elle ne supportait plus de voir en pâture. Elle se répétait cette phrase à voix haute pour ne pas partir en hurlant. Être tolérante et patiente. Elle n'avait encore aucune preuve de ce qu'elle croyait être la vérité. Personne ne pouvait rien pour elle jusqu'à lors. Cochant les noms des membres qui entraient machinalement, elle s'évertuait à noter la présence de chacun et chacune dans l'enceinte, feuille qu'allait ensuite étudier leur Gourou. Personne ne savait ce qu'il advenait de ceux qui ne daignaient pas se présenter avant l'heure précise, mais elle si. Le malheur et la mort s'abattait sur eux, tel un fléau incorruptible. Ils disparaissaient, telle une épaisse couche de brume dense quittant les lieux pour ne plus y revenir. Les services de police les recherchaient par la suite, vainement. Ils ne feraient plus acte de vie, car il ne la détenait plus. Ils avaient été jetés comme des détritus dans une fosse lointaine et inaccessible. Ils pourriraient et leur famille les chercheraient jusqu'à leur dernier souffle. Un bruit strident. L'horloge qui annonçait le coucher du soleil. Tous avaient franchis la porte. Aucune disparition au lendemain. Se sentant observée, la respiration de la lady s'estompa, ne laissant place qu'au silence mortel que dégageait la pièce. Une présence, un homme qui la regardait par l'embrasure de la porte de son bureau, Alistair Blackwell. Cet homme était respecté par les disciples, mais pas par sa personne. Il la répugnait, car elle savait qu'il était à l'origine de la disparition de son frère. Il lui avait menti, alors qu'elle lui avait imploré de l'aider à le retrouver. Il lui avait fait croire qu'il avait quitté les lieux sans elle, ce qu'elle savait être un mensonge. Elle n'était ni dupe ni sotte. Alistair avait demandé à son ''chien de garde'' de faire le boulot à sa place. Mais l'ordre avait émané de lui. IL avait décidé de le faire tuer et elle allait le prouver un jour ou l'autre. Le seigneur lui en était témoin.

- Votre...... votre feuille de présence monsieur Blackwell.
Impression de dégout. Elle lui avait donné le diminutif de monsieur, à cet insecte rampant. Mais elle ne voulait pas finir dans cette même fausse que tous ces hérétiques qui n'avaient pas suivit les règles. Elle savait détenir un avantage. Elle l'intriguait, il agissait différemment lorsqu'il était seul avec elle. Ce qu'il voulait restait néanmoins un mystère qu'elle n'était pas certaine de désirer déterrer. Sentant que le regard du tueur ne se détachait pas d'elle, elle lui fit face, yeux écarquillés. Devant la porte, il la dévisageait, cigare fumant à la bouche et visage hautain comme s'il était fier d'avoir accompli un exploit sombre et cruel. Prenant à nouveau sur elle pour lui adresser la parole, elle déglutit avant de lui poser une question à voix basse, cachant à peine sa crainte de le voir rester à attendre une quelconque action de sa part.

- Puis-je faire autre chose pour vous?
Toujours jonchée dans sa chaise de marbre, elle ne tiquait pas. Un mouvement maladroit et il pouvait penser qu'elle attendait quelque chose de lui. C'était le cas, elle voulait bien qu'il tourne les talons et reparte s'enfermer dans son bureau pour s'adonner à ses habituelles fonctions. Se regarder dans les miroir en ricanant comme une vieille sorcière, ou bien faire cuire des pattes de cochons en effectuant des incantation de pouvoir. Non, elle n'avait jamais su ce qu'il faisait durant toutes ces heures dans cette pièce qu'il considérait comme son antre. Personne n'avait droit d'y entrer sans sa permission et personne n'y restait plus de dix minutes, en ressortant comme s'ils n'avaient pas tout compris... perdus comme des âmes damnés. Elle était en enfer et ne pouvait pas en sortir. Le diable lui, était à sa droite et la regardait incessamment.

Une grande et imposante armoire, un bureau de bois travaillé à la main, un secrétaire contenant plusieurs papiers qu'il considérait comme top secret et une porte où son nom était écrit. Voilà tout ce en quoi consistait ce bureau si intriguant. Il aimait paraître sérieux et important. C'était pourquoi il passait le plus clair de son temps dans cette pièce. Cela faisait l'effet escompté, puisqu'il ne lui suffisait que de sortir de cette dernière pour qu'on l'écoute et le craint. Il aimait avoir de la prestance et du pouvoir, ce que lui apportait cette ancienne cathédrale et les membres de son nouveau mouvement. Il avait hésité pendant un court moment, avant de peser le pour et le contre et de se décider à renouveler cette bâtisse qui était devenu un lieu de culte pour plusieurs et la source de son nouveau prestige. Entendant l'horloge sonner dans la pièce voisine, il pris le temps d'allumer son cigare qu'il avait en bouche depuis un bon moment avant de sortir de son bureau, air hautain et suffisant au visage. Alistair ne pris même pas la peine de refermer la porte derrière lui, trop occupé à regarder Briséis une fois dans le hall d'entrée. Il adorait se dire qu'elle dépendait de lui. Que sans son immense gentillesse, elle serait à la rue, comme une mendiante. Il faisait attention à elle, la dorlotait, lui laissait quelques privilèges et devinez quoi? Elle ne lui accordait même pas de faveurs. Elle était dure et sans pitié. Il lui offrait quand même sa présence, ce n'était pas donné à tout le monde. Certains ne l'avaient vu que lors des réunions générales. Elle, elle le voyait à tous les jours. Il devait passer par elle pour voir la feuille de présence des membres, c'était donc inévitable. Mais ce n'était pas ce qui le poussait à la contempler ainsi. Il n'avait que faire de ce papier pour l'instant. Prenant une longue respiration, il écouta la douce voix de la demoiselle lorsqu'elle s'adressa à lui, mais ne cru pas important de lui répondre. Pourquoi gâcher un aussi bon moment? Il devait, après tout, se montrer indépendant envers elle. C'était lui le patron, son dieu... c'était lui le maître quoi! Devant son silence évident, elle décida de combler ce vide en lui parlant à nouveau, l’interrogeant cette fois-ci. Si elle pouvait faire quelque chose pour lui? Elle pouvait faire bien des choses pour lui faire plaisir, en effet. Mais c'était des choses qu'il allait s'abstenir de lui dire, il allait plutôt agir. Toujours en fumant son cigare dégageant une odeur nauséabonde qu'il avait lui-même peine à supporter, il alla à sa rencontre, toujours silencieux. Silencieux oui peut-être, mais pas moins désagréable pour autant, soufflant la fumée qu'il avait en bouche directement au visage de la jeune femme. Il pouvait tout se permettre après tout. Il était le roi des lieux. Aussi effrontément que ses gestes précédents, il approcha son visage du sien, pour lui souffler quelques mots.

- Vous savez, vous êtes tout à fait délicieuse aujourd'hui. Vous l'ai-je déjà fait remarquer? Vous permettez? Bien sûr que vous permettez, conclut-il en dégageant une mèche de cheveux du visage de Briséis par la même occasion.

- Je me suis toujours demandé. Comment se fait-il qu'une femme telle que vous n'êtes toujours pas mariée? Tous les hommes devaient être à vos pieds pourtant. Aussi douce, belle et docile, vous êtes le rêve de tous.

Direct? Oui. Il en profitait pour l'être en sachant qu'ils étaient seuls. À qui allait-elle le raconter après tout? Personne n'allait croire que le dieu divin pouvait être intéressé par sa personne. Il était supérieur à tout le monde, elle n'échappait pas à la règle.

- Je vais vous faire une faveur. Je suis de bonne humeur aujourd'hui puisque je ne vois aucune absence sur la feuille de présence. Venez diner avec moi. Et ce n'est pas une invitation, c'est un ordre. Que dis-je. C'est un privilège que vous ne pouvez refuser. , finit-il par ajouter, empoignant le bras de la dite chanceuse brutalement, pour lui faire comprendre que le refus ne serait pas accepté.

Figé par la remarque qui s'était voulue flatteuse, Briséis n'eut pas le mouvement de recul désiré à l'approche rapide de la main de l'homme, qui venait de se poser dans sa chevelure pour la placer. Son regard afficha distinctement l'incompréhension. À quoi s'adonnait-il dont? À lui faire peur? C'était évident qu'il ne voulait pas simplement connaître ses secrets de lessives étincelantes. Le souffle saccadé et l'odeur puante d'alcool dégagée par l'homme l’obligèrent à déglutir avant de répondre aux avances fort peu flatteuses qu'on lui présentait. Attirait-elle les riches héritiers? Les chevaliers courtois aventureux? Les inspecteurs avides de vérité et de bonté dans ce monde? Elle n'attirait rien de tout ça. Elle ramassait la pègre. Les parias, et mal aimés de la communautés. Les dangereux psychopathes et les ivrognes.

- Je tiens à mon intimité, ne vous en déplaise.
Briséis avait parlé sans réfléchir au fait qu'elle devait peser ses mots en présence d'Alistair. Cela avait été plus fort que sa volonté. Il la dégoutait et elle ne pouvait s'imaginer pouvoir plaire à un être tel que lui, elle qui avait toujours été douce et aimante. N'était-il trop demandé d'avoir un peu de liberté? D'obtenir sécurité?

- On me dit indomptable. Je ne serais pas une bonne épouse.
C'était une veine tentative pour le décourager, bien qu'elle la savait vouée à l'échec. Alistair n'était pas un homme qu'on déplaisait ou qu'on refusait. S'il ordonnait qu'on lui obéisse, on se devait de faire tout ce qu'il désirait. Chose impensable pour la jeune femme qui le savait capable de tant d'atrocités. Si ses parents étaient témoins de cette scène, maintenant dans la demeure de dieu, ils devaient être déçus de leur fille, qui laissa le meurtrier lui empoigner le bras docilement. Aurait-elle put faire autrement? Cet homme lui donnait la frousse de sa vie et elle n'était pas prête d'avoir une chance de quitter le temple, à son grand regret.

Elle n'était pas sotte, elle savait ce que sous-entendait Alistair par "dîner" avec lui. Ce n'était pas un homme chevaleresque qui préparait de bons petits plats pour une dame qu'il désirait courtiser. Il était bien plus semblable à ceux qui passaient leur temps libre aux maisons closes et aux tavernes de Londres.Juste de penser à ce qu'il avait en tête lui donnait la nausée, mais elle ne pouvait lui montrer qu'elle avait compris ses sous-entendus.

- J'ai déjà mangé, je vous remercie.
Voyant que la poigne de fer ne faiblissait pas, elle décida de ne pas la faire fléchir, faisant comme si elle était flattée de l'invitation, bien que la réalité était tout autre.

- Mais je serai honorée de partager ce repas avec vous.
Lentement avec avec appréhension, elle se laissa guider jusqu'à la pièce voisine, petite pièce qui servait de salle à manger au "Grand Maître" des lieux. Le hall d'entrée était le seul endroit rendant possible l'accès à cette salle qui se voulait barrée, comme le bureau et la porte de sortie.