Mine de rien, Élie n'était pas seulement une fille de terrain non, elle pouvait se transformer en vrai rat de bibliothèque! Car après tout, c'est bien connu, on ne peut pas se jeter à la poursuite d'un mythique si on ne sait pas exactement de quoi ça s'agit, ni comment le neutraliser! Foncer tête baissée n'a jamais été une solution, et c'est une femme d'experience qui parle! Bien que le Vatican ait mis à la disposition des Défenseurs de l'Ordre une grande section de livres dans leur sanctuaire, la grande Bibliothèque de Londres restait tout de même une mine d'or pour qui savait où et quoi chercher...
Mais trouver une information n'était pas toujours facile, car la censure était partout, et les auteurs avaient souvent tendance à crypter ou cacher des éléments importants de façon parfois fort surprenante... Pour camouffler leur recherches, les gens faiseaient preuve de beaucoup d'imagination, de peur de finir brûler comme érétique ou enfermé dans un asile psychiatrique...

Un jour , alors qu'elle cherchait depuis des heures avec le père Standford sous des monticules de livres poussiéreux, le saint homme avait découvert et décoder de précieuses données sur les succubes, dissimulé dans un livre de recette! Le livre manuscrit intitulé "la cuisine subculante!". Une fois encore, la gourmandise a permit l'avancée de la science!! Tout ça pour dire qu'il ne fallait négliger aucun détail. Et ce jour là, c'est Élie qui s'y colle!

Elle se trouvait actuellement dans une section peu fréquenté de la bibliothèque, ce qui convenait parfaitement à la jeune femme qui pouvait alors faire ses recherches dans le plus grand calme. Actuellement elle recherchait plutôt de possibles informations sur les lycanthropes. En effet, ses dernières tentatives pour forcer ces derniers à reprendre forme humaine à volonté n'avait jusqu'alors aboutit qu'à des échecs cuisants ! Et n'ayant pas toujours accès aux technologies et savoirs du Vatican lorsqu'elle faisait ses expériences clandestines, il lui fallait d'autres moyens plus efficaces et moins sophistiqués ! Elle espérait donc trouver quelque chose qui avait échappé au Vatican et qui pourrait l'aider à maîtriser le loup-garou qu'elle détenait actuellement …Un genre d'ultime secret à la portée de n'importe qui! Mais il ne faut pas rêver non plus... Voilà maintenant des heures qu'elle cherchait, tournait et retournait les étagères sans fin... Élie était donc perchée sur une échelle au sommet d'une étagère à éternuer sur des volumes poussiéreux en pestant contre les bibliothécaires qui pourraient quand même donner un coup de chiffon de temps en temps, quand elle tomba enfin sur un vieux livre relié en cuir marron qui pourrait peut-être s'avérer prometteur !

Elle redescendit prudemment, en restant le nez plongé dans sa nouvelle découverte, et ne vit pas arriver devant elle une jeune femme qu'elle percuta vivement dans une envolée de livres et de notes.... Elle grommela en se relevant et en s'excusant tandis qu'elle essayer de faire le tri de ces affaires et de celles de l'inconnue bousculée lorsqu'elle posa les yeux sur des notes gribouillées qui ne lui étaient pas inconnues...
« Ho heu je … je suis désolée... » dit-elle le regard un peu perdu " Heu c'est à vous ça ou... ? » dit-elle en indiquant les notes éparpillées. Avec un peu de chance, c'était des notes cachées dans le dernier livre sur lequel elle avait mis la main !!

Cela faisait maintenant plus d’une semaine que le père d'Anne avait disparu dans son bureau à l’université d’histoire de Londres. Et pas un jour ne s’était passé sans que la famille reçoive la visite d’un inspecteur, commissaire ou autre statut de la police londonienne. De toute façon, ils avaient à peu près tous la même tête et le même discours. « Ne vous inquiétez pas, nous allons le retrouver. »
Et comment, ils n’avaient pas l’ombre du début de piste. Et ça il ne fallait pas être détective pour le savoir. Et pour cause, aucune trace de ce pourquoi on aurait pu en vouloir à Sir Daniels ni même une volonté de sa part de partir précipitamment. Rien. Juste un bureau vide, des papiers à terre et une trace à peine visible qui pourrait être tout aussi bien celle d’une vieille botte pleine de terre et datant du mois dernier. Et pour couronner le tout, cela commençait à faire les choux gras de la presse et pire, du moins pour Madame Daniels Hamilton, des cancans et autres ragots émanaient des salons de bonnes familles.

Pour la jeune fille, les choses étaient autre. Déjà parce que son père était son seul soutien dans sa famille et avoir sa mère jouant les épouses épleurées toute la journée sur le dos était aussi distrayant qu’un repas traitant du choix de la couleurs des serviettes assorties à la nappe. Histoire véridique.
Mais surtout car elle avait pour cet homme un respect autre que paternel. Il est juste, droit et bon. Rien de plus de moins. Et de rester assisse sur une chaise à attendre que des imbéciles daignent chercher là où il faut et bien c’est juste bon à donner des…maux de dos.

Puis il y a ce petit carnet trouvé dans son bureau après une fouille plus minutieuse que celle effectuée par la police. Il était coincé entre deux meubles. Vieux, on voyait qu’il avait vécu. Des pages avaient été même arrachées. Ce qu’il avait de plus étrange c’était cette écriture à l’intérieur. Des sortes de symboles ou bien un dialecte étranger, mais Mina n’avait pas souvenir que son père parla un autre langue que l’anglais et de quelques notions de français et latin. Que pouvaient-ils dire ou représenter? Et surtout pourquoi était-il caché? En se creusant la tête, la jeune femme essaya d’isoler une lettre comme un e, celle la plus communément utilisée. Rien, hormis un mal de tête et encore plus de peine à ne rien pouvoir faire et laisser gagner ce sentiment d’impuissance.

Et ce sentiment, voilà bien une chose contre laquelle son père lui a appris à se battre. On est maitre de son destin et pas le contraire. Peut être facile pour un fils d’industriel, fils aimé et homme respecté de ses pairs. Les choses étaient autre pour une jeune femme à la langue pendue pour beaucoup. Mais ce n’était pas pour autant que la jeune Anne ne fit rien.

Au bout de quelques jours, elle sortit par un de ces matins brumeux. La rue était comme elle, grise et morne. La luminosité ne semblait plus être de mise et beaucoup de monde préférait la chaleur de leurs foyers que sortir dans l’humidité ambiante. Anne comprenait pourquoi.
Elle avait réfléchit à force de retourner encore et encore ce carnet. Il était son seul point de départ. Et où aller quand on cherche quelque chose: la bibliothèque. C’est là qu’elle irait en premier. Sait-on jamais? Peut être qu’un autre ouvrage lui donnerait un indice, une piste.

Anne poussa la large porte de la bibliothèque et se chercha un endroit calme pour commencer ses recherches. Elle ne voulait pas attirer l’attention. Pour quelles raisons? Celle de sa discrétion naturelle.
Mais par où commencer quand on ne sait pas ce qu’on cherche soit même. Existe-t-il un livre traitant de codes ou autres alphabets? C’est en ce sens que la jeune fille chercha et chercha pendant bien une heure. Quelques trouvailles mais rien de bien concluant. Un signe du carnet de son père se trouvait dans une petite chapelle catholique de Londres. Anne ne savait même pas que ce genre de bâtiment se trouvait dans la capitale anglaise. Et qu’importe si sa mère la reniait si elle entrait dans ce genre de lieux, la jeune femme se devait d’y aller.

C’est à ce moment de grande réflexion que tomba devant elle une femme et un livre, accompagnée de papier en tout genre, qui la firent perdre les siens dans un mouvement archaïque de protection. En un rien de temps, une femme plus âgée qu’elle suivit le mouvement des feuilles et commença à les trier. Anne n’osait pas lui répondre et s’attachait à retrouver les siennes. Mais quand elle lui tendit une feuille elle fut obligée de répondre.

D’une voix fluette et cherchant un aplomb:

« - Oui, madame, cette feuille m’appartient. »

La jeune femme la lui prit des mains d’un geste sûr et élégant.

« - Je vous remercie. »

Simple mais efficace et surtout montrant qu’elle n’avait pas le temps pour plus.
Décoder un carnet demande du temps, après tout.

Élie ne fit pratiquement pas attention à la jeune femme, en tout cas pas avant qu'elle n'ouvre la bouche... Fascinée par ce qu'elle tenait entre les mains: elle aurait juré qu'y était inscrit des phrases écrites avec un code qu'utilisait le Vatican, et plus spécialement les défenseurs de l'ordre pour communiquer entre eux... Quand elle lui affirma que c'était bien à elle, elle la toisa plus longuement: elle avait l'air très jeune, et même si Élie avait intégré les hommes de mains tout aussi jeune, elle aurait forcément eut connaissance d'une nouvelle recrue dans l'organisation, et si en plus elle connaissait l'existence du code, c'est qu'elle devait être formée depuis un petit moment maintenant!

Mais quoi qu'il en soit, elle n'avait pas était si bien formée que ça pour oser se déplacer ainsi avec des feuilles codées dans un lieu public en les distribuant au premier venu! Elle aurait pu tomber sur quelqu'un d'autre qui aurait pu la kidnapper pour ça, la faire arrêter ou encore internée! Non, décidément, elle aurait eut vent d'une recrue aussi maladroite! Ça ne pouvait être que quelqu'un qui avait des notes qui ressemblaient beaucoup au code, une coïncidence, ou alors quelqu'un qui avait trouvé cette feuille par hasard... Dans tous les cas, elle ne pouvait pas la laisser filer comme ça !

Moui, tout cela était bien étrange... Et cela mérité une petite enquête! Allez hop, on retrousse ses manches, et on y va en finesse! Inutile de se faire repérer par un éventuel espion... Le tout était de trouver une bonne excuse pour remettre son nez dans les papiers, et tout ça sans éveiller les soupçons, s'il vous plaît ! Sans arriver à détacher ses yeux des papiers dans les mains de la jeune fille pour confirmer ses soupçons, elle lança d'un ton le plus désinvolte possible, ignorant les signes envoyés par la jeune fille pour être tranquille:
"Oh, tu étudie les symboles? J'ai fait beaucoup de recherche là-dessus, je peux peut-être vous aider à trouver un ouvrage? Au fait, je m'appelle Élie, Élie Nemrod!" conclu-t-elle en lui tendant la main chaleureusement avec un sourire qui se voulait confiant.

Pas sur que la demoiselle lui fasse confiance mais bon, au moins elle aurait tenté le coup! Et puis le père Standford la tuerait sur place si il savait qu'elle avait laissé filer quelqu'un qui se ballade tranquillement en ville avec un texte codé sur lui! Au pire, elle pourrait toujours suivre la jeune fille et user de ses talents de pickpocket pour récupérer ce qu'elle peut! Oui oui, ce n'est pas très honnête, mais elle avait déjà plusieurs fois subit les remontrances du père André et pour tout dire, ses oreilles s'en rappelaient encore! Donc quitte à se faire houspiller, autant que ça soit pour un vol de papier plutôt que pour assistanat à l'espionnage!

La jeune Anne qui ne voulait pas porter l’attention sur elle, par pudeur naturelle et par peur de livrer une part de la vie de son père, venait de faire le contraire et de façon assez…percutante. Bien sûr la jeune femme qui se trouvait en face d’elle était des plus charmante, souriante, cherchant même à l’aider en lui donnant son nom et son aide. Mais est-ce qu’Anne en voulait? En avait-elle vraiment besoin et surtout qu’elle risque allait-elle en courir? Elle ne le savait que trop peu et surtout ne comprenait pas l’enjeu qui allait en découler. Pour elle que la jeune femme s’en intéresse voulait bien montrer que son père avait accès à un monde que certains connaissaient. Et là elle semblait avoir trouvé la perle rare de la connaissance. Et il fallait l'avouer elle en avait besoin, car Anne était perdue. Elle n'avait rien trouvé, pas un livre, pas l'ombre d'une piste. Ça des codes, il en existait des tas. Mais pas de celui qu'elle cherchait. Un charabia qui semblait mélanger plusieurs influence et origine. Saupoudré d'une base latine.

Un peu réservée et d’aspect tendu Anne tendit à son tour sa main, tout en serrant de l’autre ce qui la rattachait à son père. Elle ne devait pas perdre cette objectif. Il fallait trouver une piste, n’importe quoi qui pourrait l’aider à le retrouver. Lui fallait-il dire son véritable nom ou mentir? La jeune femme n’avait pas l’air d’une dangereuse psychopathe. Si elle lui avait voulu du mal elle lui aurait arraché le carnet des mains ou aurait mieux visé dans la chute des éléments. Anne laissa un temps s’écouler avant de répondre. Trop de choses fusaient dans sa tête en un si bref échange qu’elle prit le parti de ne pas mentir. Mais quand on ne sait pas de quoi on parle et à quoi on a à faire, il est difficile d'agir en conséquence.

D’une voix fluette de petite fille bien élevée elle lui répondit. Signe de tête en prime.
« - Anne Daniels. Je suis enchantée de faire cotre connaissance Miss Nemrod. Je vous remercie de votre aide, mais je n’aimerai pas vous déranger dans votre propre recherche. »

Simple, concis et qui en dit beaucoup sans trop en dire. Un « j’ai besoin de ton aide, mais j’en demande pas trop et surtout pas de question . » Enfin Anne espérait que le jeune Elie Nemrod le comprendra ainsi.

Anne Daniels.... Non, impossible... Çà ne pouvait être qu'une coïncidence!! Mais le hasard n'a jamais eu de place dans la vie d’Élie! Aussi préféra-t-elle s'en assurer:
"Daniels, Comme Arthur Daniels???" demanda la jeune femme sans pouvoir retenir un air de surprise.
Si tel était le cas, tout se recoupait: les notes codées aurait très bien pu tomber entre les mains de membres de sa famille, et maintenant qu'elle la regardait de plus prés, oui... Elle avait bien quelques trait d'Arthur! Et en réfléchissant bien elle avait le souvenir qu'Arthur leur avait montré des photos d'elle plus petite. Elle avait bien grandit, mais elle aurait mis sa main à couper que c'était bien elle !

Voilà maintenant plus d'une semaine qu'Arthur avait disparut... Honnêtement, elle soupçonnait plus les hommes des Illuminated que les mythiques. Après tout, c'était un des plus efficace informateur des défenseurs de l'Ordre! Ses recherches leur avaient permis de reconnaître et de retrouver bien des mythiques, ses ennemis se comptaient par dizaines, voir centaines! Mais il avait aussi des alliés... Ce n'était pas un homme d'action , mais plutôt un vrai rat de bibliothèque, et dans un certain sens, il partageait parfois les points de vue d’Élie sur les mythiques et il lui avait permit d'en sauver plusieurs sans le savoir, grâce à l'insistance de la jeune femme à concevoir des armes défensives et paralysantes plutôt que meurtrières... Et il s'était fait une réputation parmi les mythiques sans même le savoir !

Selon le père André, au mieux il était retenu en otage par les Illuminated qui se servirait de ses découvertes pour mieux révéler au grand jour l'existence des mythiques! Dans le pire des cas, il était peut-être le prisonnier de mythiques mécontents le torturant pour savoir ce qu'il avait révéler aux hommes de mains... Mais en une seule semaine, même en interrogeant plusieurs de ses contacts légaux ou mythiques, elle n'avait pas eu beaucoup plus de succès. Mais elle avait bien compter mettre à profit ses jours de congés pour en savoir un peu plus.
Après tout, elle appréciait beaucoup Arthur Daniels et ils n'étaient pas prêt de retrouver quelqu'un comme lui!
Non vraiment, si cette fille s'avérait être sa progéniture, elle méritait de connaître la vérité! Et peut-être qu'elle même avait plus d'information qu'eux... En unissant leurs connaissances, cela ne pouvait qu'être bénéfique!
Enfin, encore fallait-il qu'elle soit celle qu'elle imaginait! Elle attendit donc sa réponse avec beaucoup de suspense et d'impatience.

"Daniels, Comme Arthur Daniels???" Autant vous dire qu’à ses mots, Anne pâlit dangereusement. Vous en connaissez beaucoup qui vous tombe presque dessus dans une des bibliothèque de Londres et qui en plus semble connaitre comme par hasard votre père. Les coïncidences sont parfois énormes et c’est vraiment à se demander si un esprit cosmique vous met sur le même chemin.

Oui, il y a Dieu, mais Anne comme son père avait une approche plus pragmatique et moins théologienne de dieu et de ces croyances. Il lui avait toujours dit , et ceci bien sûr sans la présence de sa pieuse mère, que Dieu pouvait rassembler plusieurs entités. Elle fut d’abord choquée que son père ose penser et dire une telle chose. Puis peu à peu l’idée avait fait son chemin. Dieu était une instance supérieure dont d’autres éléments divins venaient apporter pierres à l’édifice.
Quoiqu’il en soit, ce divin venait enfin d’exhausser une de ses prières à savoir lui donner une piste, un indice sur son père.

Son visage se dérida un peu plus, Anne était toujours septique et soucieuse mais l’envie de fuir la jeune femme et de la laisser à ses acrobaties s’effaçait peu à peu.
De sa voix fluette de jeune fille et lui répondit. « - Vous connaissez mon père? » Un simple oui aurait suffit mais cette réponse rhétorique avait pour attente la sienne. Sa connaissance et des codes et de son père ne pouvaient lui être que bénéfique. Et puis après tout que risquait-elle, ici, en plein milieu d’une bibliothèque bondée, en plein cœur de Londres, à un horaire des plus raisonnables. Anne regarda en coin les personnes autour d’elles. Des gens flous qui lisaient, travaillaient ou bien discutaient dans un silence religieux.

Son ventre commençait à se tordre et Anne avait l’impression que ses organes dansaient la java. Elle avait chaud d’un seul coup, et n’était que dans une seule expectative celle de savoir. Elle aurait presque secouer miss Nemrod pour qu’elle lui parle dès qu’elle lui posa la question.

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Incroyable: Arthur avait disparut depuis à peine une semaine et voilà qu'elle tombait sur sa fille, littéralement! Coïncidence? Non, notre homme de main n'y croyait pas une seconde!! A croire que sa bonne étoile était revenue et la guidait sur le bon chemin! Et surtout elle semblait lui promettre, enfin, une journée pleine de rebondissements, mais sans les problèmes habituels!! Elle se serait presque frotter les mains, si elle n'avait pas eu cette désagréable impression que le dit rejeton de Daniels allait lui sauter dessus si elle ne lui répondait pas de suite!
La pauvre, elle devait être aussi inquiète qu'eux, et même certainement bien plus! Car autant Élie avait plusieurs pistes sur les raisons de sa disparition, elle le connaissait et savait qu'il faisait un métier dangereux, mais sa famille elle, ne devait pas avoir la moindre idée du pourquoi ni du comment on pouvait avoir envie d'enlever un simple historien au service de l’Église chrétienne! Ils avaient du s'imaginer des quantités de théories farfelues, mais Élie aurait mis sa main à couper que se faire enlever par un loup-garou ou par une bande de fanatique enragés ne figurait pas sur leur liste...

A force de réfléchir, elle en vint à se demander si c'était une bonne idée de lui avouer qu'elle connaissait bien son père, car qu'est-ce qu'elle pourrait bien lui révéler de ce qu'elle savait pour essayer de la rassurer, en ne mentionnant rien des secrets confidentiels du Vatican... Et vu les yeux pétillants dardés sur elle, la jeune femme supposait qu'elle ne la laisserait pas partir sans avoir des réponses, et qu'elle ne croirait pas facilement n'importe quel mensonge qu'elle pouvait servir aux quidams qu'elle pouvait rencontrer d'ordinaire... Elle en était certaine car elle voyait régulièrement se genre de regard: dans son propre miroir!!!

Elle finit par soupirer, et après un coup d’œil aux alentours pour vérifier qu'il n'y avait pas d'oreilles indiscrètes , elle finit par lui répondre:
"Oui....." d'un air las et désolé. Elle posa sa pile de livres sur une table tout prés et s'assit, invitant la demoiselle à en faire de même avant de poursuivre, son menton posé sur ses deux mains jointes et un regard plus que sérieux :
"Dis moi, Anne Daniels... Qu'est-ce que tu sais sur la.... Disparition de ton père?"Elle savait qu'elle aurait la même question en retour, donc autan profiter de ces quelques secondes avant qu'elle ne réponde pour chercher ce qu'elle pourrait bien lui répondre elle...

Le temps semblait se suspendre un instant. Les gens se figeaient dans leurs mouvements, plus un bruit et rien d’autre que la sensation de son cœur qui battait contre sa poitrine. Ce qu’elle attendait, espérait et priait chaque jour arrivait enfin. Dieu lui avait enfin tendu l’oreille et avait entendu ses cries et sa douleur. Anne en avait presque les larmes aux yeux, mais la jeune fille estima qu’il n’était guère le moment été encore moins le lieu pour se laisser aller à quelconque sentimentalisme. Surtout devant une inconnue. Elle connaissait son père certes mais peut être que la femme était la cause de ce départ mystérieux et qu’elle aussi était en mauvaise position. Non, non, Anne enleva bien vite cette idée de sa tête et s’assit en face de Miss Nemrod, serrant contre elle bien fort le petit carnet paternel. Essayant de ne pas trop trembler elle osa demander.

« -Et vous? Comment le connaissez-vous? Et comment savez-vous qu’il a disparut? »

Ok, la dernière question était un peu idiote. Si elle lisait la presse, la réponse se trouvait dedans. Mais bon de là à faire le rapprochement entre tous les éléments, il fallait en connaitre le minimum.
Et delà se mirent à fuser une multitude de propositions et d’idées dont Anne avait parfois le secret. Peut être était-elle sa maitresse? Pire sa fille cachée? Une prostituée que son père allait voir? Non, elle ne semblait pas être une fille de joie. Trop bien habillé, dans une bibliothèque… Alors une de ses élèves? Mais de celles qui l’appréciaient ou pas? Il fallait qu’elle arrête sinon son cerveau allait exploser. Mais il n’avait rien de pire que de ne pas savoir. Elle était prête à tout pour avoir ne serait-ce qu’un indice de plus. Même si l’issue devait être fatale. Et c’est bien ce que leur avait dit les inspecteurs. Après tant de temps, il ne fallait plus se faire d’illusions. Anne ne s’en faisait plus, mais elle devait savoir pour faire taire son cœur. Et surtout avoir l’impression de faire quelque chose. Il n’y avait rien de pire que l’attente, comme pouvait le faire sa mère.

Après un instant de pause, histoire de ravaler sa salive, qui restait coincée dans sa gorge, elle redemanda.

« - Et pourquoi comme mon père vous connaissez ces écritures étranges? Cela venait de ses cours? »

Après libre à elle ou pas de répondre, mais Anne scrutait sans retenue le moindre signe qui pouvait se lire sur le visage de la femme en face d’elle.

Et voilà, la question se retournait contre elle! Sans qu'elle n'ai pu glaner le moindre petit indice! Donc,soit elle savait des choses mais elle refusait de lui dire quoi que ce soit sans avoir d'autres informations en retour. Soit elle n'avait aucune idée du pourquoi ni du comment de la disparition de son père et à ce moment là, Élie aurait mieux fait de ne jamais rien lui dire et de passer son chemin avant qu'elle ne la kidnappe elle-même pour savoir ce que notre homme de main savait... Mais elle n'aurait jamais pu laisser la fille d'Arthur comme ça en plein désarroi en sachant qu'elle venait de rencontrer une personne qui pourrait lui parler de son père... Non, elle ne pourrait jamais partir comme ça en s’éclipsant! Mais si jamais elle lui confiait ne serait-ce que la moitié de ce que faisait son père, et que si ça venait à se savoir, le Vatican ne la laisserait pas partir avant qu'elle ne puisse renter intégralement dans une boite d’allumette!!

C'est alors qu'une petite phrase vint lui donner la solution! "Cela viendrait de ses cours?" Ainsi donc il avait servit sa couverture habituelle à sa famille! Intéressant... Lui au moins apparemment savait tenir sa langue! A elle d'en faire autant!! Se raclant la gorge, elle entreprit de lui répondre:
"Heu oui c'est ça, ses cours! J'ai travaillé avec lui sur ce projet! "
Et puis, à la regarder plus attentivement, elle ne doutait pas un instant que si Élie lui révélait toute la vérité, elle n'irait pas crier sur tous les toits ou la prendre pour une dingue! Mais la seule chose qui était certaine, c'était la finalité de la boite d'allumette!

A moins que.... Oui bien sûr, si l'information venait de quelqu'un d'autre, de quelqu'un qui aurait toutes les autorisations! Quelqu'un comme le père André!! Mais pour qu'il accepte de parler avec elle, il faudrait qu'elle ai le désir de devenir un homme de main... Après tout, on avait déjà vu des femmes ou des maris d'homme de main le devenir à leur tour suite à des blessures graves ou la mort de leur conjoint! Et puis Élie était une femme de main presque par tradition familiale, alors pourquoi ne pas lancer la tradition chez les Daniels? Peut-être qu'elle possédait autant de connaissances que son père!
Plus Élie y réfléchissait, et plus elle se disait que ça serait la solution!! Il fallait qu'elle l’amené à voir le père Standford !! Avec un peu de chance, il accepterait pas trop difficilement! Mais comment l'amené jusqu'à lui...
Après une grande inspiration, elle finit par ajouter:

"Je pense que je connais quelqu'un qui pourrait vous en dire plus! Enfin si ça vous intéresse! " conclu-t-elle avec un sourire complice. Présenté de cette façon, il n'y avait aucune chance qu'elle ne refuse une pareille proposition, pas vrai?

Anne ne sut pas très bien si la réponse de Miss Nemrod lui convenait ou bien si cela venait du fait qu’elle doutait de la véracité de ses dires. Elle semblait prendre la proposition scolaire d’Anne sur le fil, comme on saisit une perche en plein vol. Mais la jeune fille passa aussi vite à autre chose qu’un lionceau passant d’un morceau de gazelle à celui d’un zèbre, envoyant bien loin ses considérations premières. Car la suite fut bien plus intéressante que ses supputations et délires de jeune fille en fleur, lisant trop de romans policiers.

"Je pense que je connais quelqu'un qui pourrait vous en dire plus! Enfin si ça vous intéresse! "

Si Anne avait été une grande élocutrice, bavarde, comique et jeune fille du monde à l’aise dans ses escarpins vernis, elle aurait surement répondu que non, elle ne voyait pas pourquoi ça l’intéresserait. Après tout il ne s’agissait que de la disparition de l’homme le plus important à ses yeux; Celui qui la protégeait de ce système oppressant dans lequel elle vivait ainsi que d’une mère dont les mœurs était proche du temps d’Anne Boylen.

Mais Anne ne vivait pas dans ce monde où la plaisanterie était de mise et où après cet intermède, les deux femmes seraient allées boire un thé au salon du coin. Sa réponse précipitée fut donc:

« -Bien sûr. Qui est-ce? Et où est-il? S’il sait quelque chose sur mon père je dois le voir au plus vite. »

Clair, concis, un peu sur le ton de l’ordre, mais les circonstances pouvaient le permettre et donc Anne se le permit. En même temps à y bien réfléchir, la jeune femme assise en face d’elle pouvait comprendre ses angoisses et son attente. Puis si elle lui parlait et proposait ainsi les choses c’est que après tout, elle se souciait un peu de cette disparition. Sinon, elle lui aurait dit « triste nouvelle. Quel dommage? Vous ne savez rien. » Et la discussion serait close, laissant Anne à son triste sort.
Ses entrailles commençaient à lui faire mal et chaque bouffée d’air dans sa gorge resserrait celle-ci dans un supplice interminable.

D’ailleurs en réponse à sa précipitation verbale, la jeune fille se leva rapidement tout en prenant soin de ne pas faire grincer sa chaise, signe de regards réprobateurs. Elle ne quittait pas de yeux son interlocutrice, lissant nerveusement le pan de sa robe.

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EDIT CRYSTEL: Ton rp fait une taille de 377 mots. Peut-être as-tu oublié qu'on ne doit pas compter les citations d'autrui pour atteindre les 400 mots? Je te le rappelle donc ici. Fais bien attention pour la prochaine fois.
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Oh bon sang qu'est-ce qu'elle n'avait pas dit!! Sa mère lui avait pourtant bien répété de toujours tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler! Notre Élie avait l'impression d'avoir déclenché un ouragan! Ou en tout cas ça n'allait pas tarder ! Là c'était sûr, à moins de s'enfuir en courant et de quitter le pays aussi vite et discrètement que possible pour ne pas avoir à lui répondre, elle allait bientôt s'envoler! Autant dire mission impossible! Il n'était même pas question de l'envisager. Et puis après tout, ça lui ferait une bonne expérience qui lui rappellerait de toujours tenir sa langue!
Mais d'un côté, c'était quand même la fille d'Arthur, et si elle ne lui avouer pas un minimum de chose sur l'état actuel de son père, c'est ce dernier qui lui en voudrait à mort!

Donc, quitte à être dans le pétrin, autant bien le faire! Tandis que la demoiselle était en train de rameuter toute la bibliothèque vers elles et semblait prête à partir jusqu'en Alaska immédiatement, elle préféra calmer le jeu toute suite:
"Holà Holà, restons calme, s'il te plaît!!" dit elle en chuchotant pour l'inciter à en faire autant. Les murs ont des oreilles pas vrai? Et il serait peut-être même prudent de se déplacer! Profitant du fait qu'elle était debout et que de toute manière elle ne tiendrait sûrement pas en place très longtemps comme ça, autant commencer à l'amener directement voir le père André!
"Viens, marchons... On va discuter un peu sur le chemin!" En reposant ses quelques livres et en mémorisant où elle les avait trouvé, après tout si elle retrouvait Arthur, elle n'aurait pratiquement plus besoin de faire ce genre de recherches à sa place! Et elle prit le chemin de la sortie, suivit de près par la demoiselle.
Elle en profita pour tenter de la mettre sur la voie:
"Alors dis moi, qu'est-ce que tu sais exactement sur le métier d'Arthur? » dit-elle toujours sur un ton bas. La grande question était comment elle allait pouvoir aborder ça de façon naturelle et sans lui faire peur. Et sans qu'elle n'appelle la police ou autre ! Du genre : en fait ton père aide à combattre des créatures dangereuses toute la journée !
Non... Il lui faudrait trouver bien mieux que ça ! Et elle espérait pouvoir trouver une meilleure façon de lui dire sur le chemin ! Et puis encore fallait-il que André soit d'accord !!

Comment pouvait-elle rester calme en pareil moment, alors qu’en elle tout bouillonnait comme un volcan prêt à entrer en éruption. Des tics nerveux se mirent à apparaitre. Suite logique me direz-vous. Anne se triturait les mains sans trop savoir quoi en faire.

Elle suivit miss Nemrod sans un mot en dehors de la bibliothèque. Elle n’osait pas regarder les autres personnes présentes dans la salle, se bornant à regarder que la sauveuse de son mal. Parler de quoi? Il n’y avait plus grand-chose à dire ou bien elle lui cachait quelque chose? Puis qui était cette personne qui pouvait savoir où se trouvait son père? Et ce flou qui se fixait dans son esprit s’ancra réellement avec la dernière question de la jeune femme.
Qu’est-ce qu’Anne pouvait savoir sur le travail de son père? Question étrange! Il était professeur, un simple professeur d’histoire. Il donnait des cours, il faisait des recherches. Bref rien de plus ni de moins qu’un enseignant comme un autre. Puis elle devait le savoir si elle était son élève après tout. Décidément cette rencontre était étrange, parsemée de silence gênant pour la jeune Anne. Un brin de peur s’emparait d’elle. Et si c’était un piège. Tant pis, au moins, elle saurait pour son père quitte à finir comme lui.

Alors qu’elles sortaient de la grande bibliothèque se retrouvant dans la rue, toujours aussi grise et sans âme, Anne répondit d’une voix plus calme, mais toujours tremblante:
« - Ce que je sais? Euh… à vrai dire, j’ai du mal à saisir votre question. Il est enseignant, donc il enseigne,… l’histoire. Il fait aussi quelques recherches pour ce département. Il a même écrit un ouvrage sur les uses et coutumes des paysans écossais au 17 é siècle. Ses collègues le respectent au vue des conversations que j’ai pu entendre avec ceux-ci lors de diners. Et ses élèves sont studieux. Mais ça vous devez le savoir, non? »

Anne se tut. Elle qui n’était pas une bavarde née, sauf pour embêter son monde venait d’aligner plus de trois mois en quelques secondes. Peut être espérait-elle que se soit du donnant-donnant. Qu’ainsi miss Nemrod lui parlerait en échange de ce qu’elle savait. Tout ce mystère qu’elle faisait il fallait qu’elle le perce.

Miss Daniels tentait de se repérer, devant quelles rues elles passaient, le nom d’une boutique, Il fallait dire qu’Anne connaissait Londres aussi mal qu’une personne n’y ayant jamais mis les pieds. Vivre dans un lieu sans y être. Anne était posée comme un objet dans une vitrine attendant qu’on vienne l’y enlever. Maintenant au moins, elle y sortait d’elle-même prenant sa vie en main.

Çà y est, Élie avait l'impression de se balader avec une pile électrique! Cette petite ne tenait décidément pas en place!! Peut-être qu'un sceau d'eau froide... Non, ça ne ferait vraiment pas une bonne première impression! Mais elle gardait tout de même l'idée sous le coude!!
Elles sortirent de la bibliothèque, direction l’Église où se trouvait actuellement le père Standford. Certes, ce n'était pas la porte à côté, et la route promettait d'être longue, surtout avec Anne qui ne cesserait certainement pas de lui poser un million de question auxquelles elle ne pourrait sûrement pas répondre toute suite! La vrai question s'était: comment Élie allait-elle s'en tirer pour réussit à l'accompagner jusque là sans lâcher le morceau! Elle tenta alors de rester évasive en étant la plus convaincante possible:

"Et bien en réalité, il n'était pas vraiment enseignant, certes il faisait des recherches dans l'histoire, mais ce n'était pas la réalité.... Je suis désolée qu'il ait du te mentir sur son travail, mais c'est une obligation dans notre branche! " dit-elle son regard perdu au loin, sans aucune envie de croiser le sien! Mais y avait-il vraiment une "bonne" manière d'annoncer à sa fille que son père, son modèle d'idole paternel , lui avait mentit et prenait sa famille pour une bande de poire depuis des années!

Et puis en la sentant sur le point d'exposer juste à côté d'elle, la jeune femme préféra la stopper net :
"Avant que tu n'ameutes tout le quartier, laisse moi terminer: ton père ne t'as pas raconté la vérité, mais ce n'est pas parce qu'il en avait honte ou parce que c'est illégal non... Arthur est un des meilleurs dans son genre et il n'avait à rougir de rien, et un de ces plus gros poids sur le cœur était de ne pas pouvoir dire à sa famille ce qu'il accomplissait tous les jours! On peut dire malgré tout que je suis fière de travailler avec lui..." Elle parlait calmement, comme si elle discutait de la pluie et du beau temps, mais son regard était grave et sérieux.

Et histoire d'être certaine d'être tranquille sur le reste du chemin, elle ajouta:
"Mais inutile de me poser plus de questions, le seul homme habilité à décider si oui ou non on peut te révéler quoi que ce soit de plus sur la disparition de ton père est celui que je t’emmène voir. C'est tout ce que je peut faire pour toi, et pour lui!" Avec un peu de chance, ça suffirait à lui clouer le bec momentanément! Mais c'était sans connaître la demoiselle ! Elle devait certainement tenir du caractère de son père, mais d'un côté elle espérait qu'elle possédait la même ouverture que lui, et sa force de caractère, car il en faudrait pour encaisser une pareille révélation !