Londres. Cette chère et vieille ville de Londres. André avait beau être français de naissance et de mère, il se sentait aussi britannique dans l'âme, et pour beaucoup londonien. Peut-être était-ce la volonté qu'il avait eu de s'ancrer dans les origines de son paternel qu'il avait pourtant tant déçu par la voie qu'il avait choisie, ou était-ce tout simplement parce qu'il s'était toujours senti chez lui, ici, à Londres. Il n'y avait pourtant vécu guère longtemps de toute son existence. Il n'y avait séjourné réellement que quelques années, et avait été ensuite bien rapidement envoyé au vatican, quand bien même il était resté "affecté" à l'élise à Londres qui était devenue si chère à son coeur.

Londres, ses bâtisses tantôt splendides, tantôt miséreuses selon les quartiers, ses rues si savamment éclairées quand on approchait du palais même de nuit, contrastant durement avec les sombres obscurités des petites ruelles mal famées.. Londres cotoyant magnificence et misère, joie de vivre et mélancolique tristesse... Londres avec ses noirs et blancs, ses gris aussi... Oui, il aimait Londres. Et si son temps n'était pas aussi compté chaque jour, sans doute aurait-il aimé y flaner, paresse pécheresse quand tu nous tiens, dispensant la bonne parole de Dieu à qui aurait voulu l'entendre, comme il l'avait fait parfois du temps où il venait tout juste d'arriver... du temps où il était un tout jeune prêtre fougueux qui avait encore tout à donner... et tout à apprendre aussi. D'ailleurs il avait encore tant à apprendre...

C'était sur ses pensées que ses pas le guidaient en direction de l'église de Leicester, Notre Dame de France, alors qu'il revenait justement de la bibliothèque nationale, dont il avait pu consulter les archives secrètes, dans l'espoir d'en apprendre un peu plus sur les créatures qu'il traquait, compulsant toutes les légendes et autres mythes qui avaient pu être consignés dans les écrits de ses paires des décennies voire des siècles auparavant. C'était des écrits parfois si fantasques, mais qui au final détenaient souvent une part de vérité. Il était parfois difficile de séparer le vrai du faux d'ailleurs. Il fallait comparer les textes, comparer ce qu'il pensait en ressortir de l'expérience accumulé par l'ordre... C'était un travail de longue haleine qui lui mangeait beaucoup de temps. Mais face à l'impuissance qu'il rencontrait face à certaines créatures "mythiques" et pourtant existant bel et bien, ce travail devenait indéniablement nécessaire. Standford déplorait simplement qu'il soit dès lors le seul à pouvoir le faire. Le seul... le dernier...

Bien moroses pensées alors qui l'assaillaient tandis qu'ils approchaient de la fameuse église, qui avait accepté de l'héberger le temps de son séjour à Londres, tandis que les cardinaux en ambassade ici lui avaient accordé quartier libre pour une petite semaine. Bien sombre ruelle qu'ils traversaient soudain, sans qu'il n'y prit garde. Bien étrange bruit qui venait soudain d'arrêter ses pas, tandis que.... Un bruit sourd, un corps qui tombe... Son "garde du corps", un jeune homme de main qu'il avait embauché l'année auparavant et qui s'était proposé pour être de permanence cette nuit-ci, histoire de soulager les deux hommes de main chargés de cette tâche habituellement, dont la petite Elie... Son garde du corps donc qui venait... de se faire assomer. Et un poids lourd qui venait de lui tomber sur le dos, le faisant lourdement chuter à terre, lui lacérant quelque peu la base du cou par la même occasion et lui arrachant un cri...

Et personne à l'horizon pour lui venir en aide, pensa-t-il abruptement dans la panique soudaine qui commençait à l'envahir alors qu'il entendait un grognement derrière lui. Ou plutôt sur lui. Un poids qui sembla se dégager, ce qui lui permit de vivement se retourner sur le dos pour tenter de faire face à son agresseur. Enfin plutôt à l'abomination qui lui servait d'agresseur, ne put-il s'empêcher de rectifier quand son regard rencontra la sauvagerie de celui de l'autre. Ca y était. Cette fois, il allait y rester. Cette fois, son heure était venue. Lui qui n'avait pas encore pu accomplir sa mission ! Il allait échouer. Echouer si misérablement... Etait-ce alors la volonté de Dieu qu'il échoue ainsi, que leur ordre meurt ainsi avec lui ? Tant de pensées incohérentes se bousculaient brusquement en lui...

Et la seule chose qui lui vint à l'esprit, alors qu'il était à terre, son agresseur se dressant dans toute sa splendeur au dessus de lui, même si la lumière du réverbère lui cachait pour beaucoup celui-ci, ce fut d'attraper son chapelet et de psalmodier la première prière dont son esprit paniqué se rappelait, tout en fermant les yeux.


[HJ : traduction de la prière pour ceux qui veulent :)
Notre Père, qui êtes aux cieux ;
Que votre nom soit sanctifié ;
Que votre règne arrive ;
Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien (ou : de ce jour).
(Et) pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.
(Et) ne nous laissez pas succomber à la tentation.
Mais délivrez-nous du mal.
Ainsi soit-il.
Amen.]

St. James... Le quartier des fortunés. Laura avait beaucoup hésité entre celui-ci et l'autre non moins fortuné qu'elle avait finalement choisi pour élever sa famille. A son divorce elle s'était rabattu sur le premier, ce qui ne surprenait pas Paul outre mesure. Elle y avait tout ses amis, ou plutôt ses relations. Par tous les saints ce qu'il détestait cet endroit !
Oui mais il n'avait pas le choix, il avait été affecté à ce quartier pour sa ronde de cette nuit. Et même si il n'était pas content, même si ce n'était pas dans ce genre de quartier tranquille qu'il allait pouvoir botter les fesses de tous ces bons à rien et de toute cette canaille qu'il détestait (et qui le lui rendait bien d'ailleurs !) et bien il fallait obtempérer, point barre. Inspecteur Nevada, cette nuit vous veillerez sur le sommeil des bourgeois, ne vous en déplaise. Il soupira en s'engageant dans la première ruelle obscure venue et en n'y découvrant qu'un pauvre minet effarouché. La nuit allait être longue...

Et si encore il n'y avait que cela pour lui miner le moral. Mais non ! En plus de l'envoyer crapahuter dans le quartier de son ex-femme réputé comme le plus tranquille de Londres, son supérieur n'avait rien eu de mieux à faire que de lui annoncer avec le sourire que, tenez vous bien, il allait bientôt devoir supporter et former un jeune nouvellement promu ! Lui ! Paul Nevada propulsé agent instructeur de la police de Londres, alors là c'était la meilleure...
Il avait poussé les hauts cris bien entendu, jurant par tous les diables que jamais, au grand jamais il ne permettrait qu'on lui colle un morveux dans les pattes et qu'il le jetterait dans la première rivière venue plutôt que de perdre son temps à lui apprendre ne serais-ce qu'un quart de la moitié du tier de son difficile métier mais rien à faire. Son chef avait été intraitable et même le grondement réprobateur de Winsor inquiet de voir son maître entrer dans une telle fureur n'y avait rien fait. Nevada formerait une nouvelle recrue, et ce dès la semaine prochaine. Merveilleux ! Il était parti en claquant la porte, rageur.

Et voilà donc pourquoi il faisait une telle tête en trainant les pieds dans cette ruelle et en manquant faire un carton sur le minet qu'il avait au premier abord pris pour un dangereux terroriste. La vie était injuste...

"Winsor, au pied. Au pied sacrebleu !"

Et voilà que le chien détalait, il en manquait plus que cela ! Tout bien dressé qu'il était, le respectable chien de travail de la police Londonienne ne pouvait tout simplement pas résister devant un spectacle tel que ce chat détalant, poil dressé sur le dos. Bon gré, mal gré, l'inspecteur n'eut d'autre choix que de poursuivre le chien, qui lui même poursuivait le chat, et tout cela dans un boucan du tonnerre qui serait sans doute à même de réveiller tout le quartier et de faire débarquer tout un contingent de renfort appelé sous peu par les résidents pour tapage nocturne !

"Si je t'attrape je te colle dans le premier box venu au poste et je t'y laisse jusqu'à la fin de la semaine !"

Apparemment peu touché par l'argument, le Berger Allemand continua sa course et disparu rapidement aux yeux de l'agent hors d'haleine et aussi irrité que vexé de la tournure que prenait la course poursuite. Il s'arrêta, le souffle court et chercha l'animal des yeux. Plusieurs ruelles s'ouvraient à lui, dans laquelle fallait-il aller ? Si il était un chat poursuivi par un chien lui-même poursuivi par un agent de police où aurait-il été se cacher ? Excellente question à laquelle il n'avait pas de réponse pour la simple et bonne raison qu'il n'était pas un chat. Zut et rezut. Long silence, que faire ?

Il allait s'engager résolument dans l'allée de droite (eh quoi ? Il fallait bien en choisir une !) lorsqu'une ombre passa à toute vitesse devant lui. Le chat ? Le chien ? Les deux ? Non, trop grand... Alors ? Il n'y avait qu'une manière de répondre à sa question. Zut pour cet imbécile de Winsor et son compagnon à fourrure, il le retrouverait bien un jour ou l'autre, pour le moment il était en patrouille et son métier consistait à savoir qui pouvait bien lui avoir passé sous le nez en cette nuit noire et dans cette ruelle déserte. Il ouvrit la bouche pour héler l'ombre mais elle avait déjà disparu, d'ailleurs un sombre pressentiment le dissuada de faire le moindre bruit, il en avait déjà assez fait comme cela et pour peu que l'autre n'ai pas envie de parler à un policier il serait engagé dans une nouvelle course poursuite, non cela suffisait pour la nuit. Il tenta donc plutôt l'approche prudente, retenant son souffle pour ne pas faire le moindre bruit et ouvrant grand les yeux dans l'espoir de percer cette satanée obscurité. Allons bon, les impôts pourtant fort chers dans ce quartier ne suffisaient-ils pas à faire installer la lumière ? Malédiction !

Bon alors elle où son ombre ? Ah ça suffisait comme cela, il avait déjà perdu le chien, cette fois cela ne se passerait pas ainsi, hors de question que sa cible lui fausse compagnie. Il accéléra le pas puis pila net, figé par la scène qu'il voyait. Qu'est-ce que c'était que... Ce truc ? Humain ? Animal ? Un peu des deux peut-être ? C'était possible ça ? Il lui semblait bien que non... Enfin ce n'était pas le moment d'y penser, la... Chose attaquait un homme, elle lui avait sauté dessus et se dressait à présent devant lui dans une position sans équivoque, si le policier n'agissait pas maintenant ses collègues auraient une autopsie à faire dès demain matin.
Sans hésiter, il sorti de l'ombre. Sa réputation de tête brulée n'était plus à faire et il ne pouvait quand même pas laisser ce pauvre homme se faire égorger sous ses yeux ! Sans trop savoir à quoi il avait affaire il tira son arme et la braqua sur l'agresseur en hurlant :

"Reculez immédiatement et tournez vous vers moi ! Police !"

Si c'était un homme, ce dont il doutait fortement vu la pilosité ma foi fort développé du dos qui lui faisait face, les choses iraient toute seule. Si c'était un animal il l'abattrait sans plus de sentiment. Et si c'était... Autre chose... Et bien il aviserait ! D'ailleurs au vu de la tournure des choses il ferait peut-être mieux d'aviser tout de suite.. La créature se tournait vers lui d'un seul bloc, lui donnant une vue imprenable sur une rangée de crocs luisante de bave et il n'eut d'autre choix que de tirer. Trois détonations sonore avant que la chose en soit sur lui et qu'il ne parvienne il ne savait trop comment à éviter sa charge en roulant sur le côté. Il n'aurait pas autant de chance au deuxième coup... Il voyait déjà la mort arriver avec un certain fatalisme et peut-être même un certain soulagement lorsqu'une nouvelle ombre vint se mêler au tableau, encore une rangée de crocs ? Décidément tous les monstres étaient de sortie cette nuit ! Son soulagement fut toutefois énorme lorsqu'il reconnu la nouvelle bestiole qui avait sauté à la gorge de la première, Winsor ! Brave chien, il enfermerait son nouvel élève dans le box à sa place plutôt et lui il lui offrirait un bon steak tartare pour peu que tous les deux aient la chance insolente de survivre à cette ronde mouvementée.

Ces pensées défilaient à toutes vitesse tandis qu'il se relevait et cherchait son arme du regard tout en se demandant comment diable l'agresseur pouvait encore se battre avec autant de frénésie alors qu'il était sensé avoir trois balles dans la peau. Mince alors, il n'était pourtant pas si mauvais tireur et il était certain de l'avoir touché à chaque fois !

"J'arrive Winsor !"

Il arrivait oui, il ne pouvait quand même pas laisser son chien, si imbécile soit-il parfois, se faire dévorer par un truc aussi moche ! Le gros soucis était de savoir comment le sauver de cette fin aussi glorieuse que sanglante. Avisant un tube d'il ne savait quel métal trainant par là il s'en saisit, puisque les balles ne suffisait pas à calmer ce semeur de trouble là on allait voir si un grand coup sur le crâne aurait plus d'impact ! La loi s'appliquait à tous, horrible monstre en balade compris. Comment ça il était ridicule ? Au pire il finirait dans l'estomac de sa cible avec Winsor, ce ne serait qu'une mort comme une autre et vu le boucan qu'ils avaient provoqué l'homme qui avait été agressé aurait peut-être la chance d'être sauvé par les curieux qui ne tarderaient pas à rappliquer, accompagnés il l'espérait d'un régiment de l'armée, ou peut-être de la fourrière... Encore qu'une brigade anti-monstre serait peut-être plus appropriée ? Et puis zut. Levant haut son armée improvisée, il l'abattit de toute ses forces sur le dos de l'autre qui tenait à présent son chien au collet. Le choc lui fit vibrer jusqu'à la mâchoire mais ne sembla pas avoir chatouillé l'autre d'un iota... Hum... Vexant... Il s'envola, catapulté par un coup de... Patte ? Main ? Griffe ? Extrémité ? Tentacule peut-être ? Non sans doute pas... Le mur placé là par il ne savait quel imbécile vint le couper dans ses pensées, stoppant au passage son souffle et faisant craquer effroyablement son dos. Il retrouva le contact avec le sol, à moitié assommé et vit son chien lui sauver une énième fois la vie en détournant l'attention de leur bourreau avant d'effectuer à peu près le même vol que son maitre. Pauvre Winsor ! L'agent grinça des dents, il n'avait jamais supporté que qui que ce soit ne touche à son chien alors ce n'était certainement pas cette sale créature velue qui allait faire la loi ! Son arme était là, il s'en saisit pour la lever une nouvelle fois tandis que son ennemi s'apprêtait à lui donner le coup de grâce, visant posément et calmement droit entre les deux yeux et se refusant à penser à ce qui se passerait si ses dernières balles ne venaient pas à bout de sa cible...

"Une semaine de congé, tu parles!!" gromelait Elie en tapant du pied dans un caillou tandis qu'elle longeait un petit parc proche de l'Eglise de Leicester... Une capuche vissée sur sa tête pour camouffler sa cheveulure et son visage, un long manteau noir pour passer inaperçut dans les rues de St James. Comme d'habitude, à chaque fois qu'elle comptait se prendre quelques vrais jours de vacances, il y avait toujours quelque chose à faire dans Londres! Alors qu'elle avait prévue de passer une journée de detente genre shopping, petit massage, bref, des occupations de jeune femme ordinaire et relaxante, mais un de ces contacts parmi les myhtiques lui avait fait parvenir un message inquiétant...

Apparement, un nouveau lycanthrope se balladait dans les rues de Londres et, comme c'était une vielle connaissance à lui et qu'elle lui devait pas mal de services, il avait réussit à la convaincre de retrouver le loup-garou et de l'enfermer en surretée le temps qu'il puisse les rejoindre et l'emener loin d'ici. Aprés avoir rouspété que ce n'était pas le bon jour et qu'il devrait revenir la semaine prochaine, elle finit par céder, comme toujours.
Un peu plus tôt, elle était passé au QG des defenseurs de l'Ordre, histoire de s'équiper un peu. Heureusement, le père Standford n'était pas là, apparement il était sortit avec un autre homme de main, une jeune recrue qui n'inspirait pas vraiment Elie mais bon, il fallait bien que Standford se debrouille un peu tout seul quand même! Elle n'avait malheureusement pas pu emporter tout ce qu'elle voulait, uniquement de petits objets pour pouvoir sortir en toute discretion devant le poste de garde.

Et la voilà donc à passer ses nerfs sur un pauvre cailloux comme s'il s'agissait de son contact. Elle detestait avoir l'impression de partir se battre avec un cure-dent...Elle avait tout de même pu emporter un pognard en argent beni trés resistant, elle avait récupérer chez elle un pistolet assez sofistiqué qui tiré une decharge lançant un filet tréssé en titane. Un peu petit pour attraper un lycanthrope, mais assez puissant pour le freiner ou au moins le ralentir.

Oui mais voilà, son contact n'avait pas pu lui donner precisément où se trouvait le fuyard, ni d'indices sur sa localisation... "Mais oui Elie, les ruelles de Londres n'ont pas de secret pour toi! Tu trouveras facilement! Et gnia gnia gnia.... J't'en ficherais des missions faciles!!" pesta-t-elle en immitant trés mal son contact.
Soudain, un bruit la fit vivement se retourner, prête à sauter sur le moindre truc suspect... Mais non, ce n'était qu'un chien qui abboyé et... Tiens, voilà son maître certainement! Elle se tapi dans l'ombre le temps que la rue soit à nouveau dégagée et respira un grand coup pour se recentrer sur son objectif. Enfin, jusqu'à ce que des cris parviennent de la ruelle où s'était engoufré le chien et l'homme. Elle se decida enfin à aller voir si il s'agissait bien de sa cible, tout en croisant les doigts pour qu'il n'ai pas eut la brillante idée de s'attaquer à des habitants sans defense.... Quoi que pas si sans defense que ça, a en juger par les coups de feu tirés! Elle pressa le pas et analysa en quelques secondes la situation: apparement, c'était bien un lycanthrope et il était en train de s'organiser un buffet gratuit... Sur un agent de police!*Non mais vraiment, c'est pas comme ça qu'on va arranger notre réputation!* pensa-t-elle en serrant les dents. Il y avait également un autre homme allongé par terre qui avait l'air plutôt mal en point... Tiens c'est bizarre, il lui rappelait quelque chose... Pas le temps de s'en occuper pour l'instant, l'urgence était de faire diversion avant qu'il ne fasse du mal au policier. Elle sortit son poignard et bondit sur le lycanthrope en tentant de lui faire une estafilade sur l'épaule. Plus facile à dire qu'a faire quand on sait que la peau du loup-garou est trés épaisse. Mais elle eut au moins le merite de le destabiliser."Hey! Le poilu par ici!" lui cria-t-elle. Un grognement lui répondit et il hésita un instant: s'occuper de l'homme à terre ou faire taire celle qui avait oser l'interrompre ? Une balle en argent dans la cuisse droite finit de le convaincre et il fonça. L'hesitation laissa à Elie le temps qui lui manquait pour reconnaître le jeune homme à terre: c'était l'homme de main chargé de la sécurité du pére Standford ce soir!! Ce qui signifiait que le prêtre n'était pas loin!! Un coup d'oeil rapide lui permit de confirmer son horrible pressentiment: il était à peine un peu plus loin, dans un coin, mais il n'avait pas l'air bléssé, heureusement!

Il fallait absolument éloigner le loup d'eux, et de toute façon, elle n'était pas assez équipée pour le neutraliser totalement, il y a quelques minutes encore elle n'espérait que pouvoir le suivre jusqu'à ce qu'il se re-transforme et agir à ce moment là! Seule, elle pouvait encore s'en occuper, mais avec trois personnes en plus, l'objectif changé toute suite! Il fallait se mettre en sécurité toute suite! Le lieu le plus sur était certainement une des planques relais des DDO, mais la plus proche était l'eglise de Leicester!
La jeune femme tira une nouvelle fois en direction du loup et chargea son pistolet à filet. Elle prit son temps pour viser, son filet à la base était destiné pour sa forme humaine, il ne ferait que le ralentir actuellement, il ne fallait donc pas louper son coup! Le coup partit et entrava sa cible. Elie ramassa l'homme de main qu'elle prit sous son bras et cria à l'intention des deux autres:
"Courrez!! Il faut partir, VITE! Par ici, suivez moi!" en appuyant son regard sur le père Standford. Elle ouvrit la voie en espérant que les deux autres la suivraient rapidement...

Il était déjà intimement persuadé que sa fin était arrivée et regrettait déjà deux choses : de ne pas pouvoir recevoir les derniers sacrements dignement (et non il n'allait quand même pas se les donner à lui-même !) et que les défenseurs de l'ordre disparaissent avec lui sans qu'il n'ait eu le temps de trouver une relève. Etrange en y pensant de plus près, comment de telles pensées incongrues pouvaient venir aux derniers instants de votre vie, ou ce qui semblait du moins être vos derniers instants, alors que votre instinct aurait du vous dicter de combattre, de vous rebeller, de lutter contre la Faucheuse, diablesse qui aimait tant emporté les âmes sous sa lame... Ou étai-ce lui qui n'était pas normalement constitué et qui continuait encore à cogiter quand il aurait fallu entrer en action ? Mais l'action n'était pas fait pour lui. la commander, la décider oui, l'exécuter non.

André tremblait ainsi à terre, psalmodiant sa prière, s'attendant à tout instant à sentir la dure morsure des crocs acérés qui bavaient déjà sur sa soutane... quand l'improbable se produisit. Et le sauva. Oui, le sauva, lui qui aurait dû pourtant être sauvé et protégé par l'homme de main à terre. Sauvé par un chien et un homme tout autre... Un homme armé, policier sans doute, sembla-t-il à Standford, en voyant l'autre brandir (et perdre très rapidement toutefois) son arme en hélant de ces sommations si caractéristiques aux hommes représentant l'autorité. L'homme de foi en profita, dans un rare instant de lucidité, pour se reculer contre un mur, en tentant de reprendre ses esprits forts éprouvés par la panique et l'adrénaline que certains aimaient tant. Reprendre son souffle, recouvrer son esprit... et tenter de se sortir de cette impasse en aidant l'homme en difficulté.

André regardait autour de lui à la recherche d'un objet à lancer pour dévier l'attention de la bête, quelqu'il soit. Un baton, une pierre, peu importait alors. Mais rien de suffisamment lourd pour être lancé suffisamment loin n'était à portée de main. Il désespérait de trouver une solution et s'imaginait déjà l'homme qui l'avait sauvé se faire déchiqueter en petits morceaux, quand... un deuxième improbable entra dans l'équation.

Décidément cette soirée était placée sous le sceau de l'invraisemblable. Elie ! Elie qui pourtant n'était pas censée être là ! Elie qui se battait alors rudement pour dévier l'attention et neutraliser, du moins un tant soit peu, la bête. André se surprit alors à observer bêtement la scène, se remettant tout juste du choc qui l'avait comme assommé. il ne s'était en tout cas nullement attendu à entendre la jeune femme lui ordonner de courir. Courir ?! Lui ?! Un homme de foi bien peu habitué au terrain de la sorte, encore moins à l'action si intense, et de plus de cinquante ans passés ? Mais non, elle ne se moquait pas d'elle, réalisa-t-il abruptement quand elle darda sur lui un regard qui ne trompait nullement. Elle était sérieuse. Elle lui ordonnait bel et bien de courir. Il lui aurait bien rappliquer que tout ceci était bien plus facile à dire qu'à faire dans sa condition actuelle, son dos et son épaule l'élançant toujours quelque peu, mais le grognement furieux qui rugit de la bête le dissuada de s'entêter. Oui, mieux valait courir, aussi peu glorieux cela soit-il pour des soit-disant "défenseurs de l'ordre".Mais ce n'était pas comme s'ils étaient de taille à faire face à... ça... en l'état actuel des choses tout du moins.

Et sans protester plus avant, André se leva aussi vite qu'il le put et se mit à suivre la jeune femme, soulagé au fond de lui que le policier venu le sauver ait lui aussi réussi à se lever, son chien et lui le talonnant alors de près. Pour bien rapidement le rattraper et arrivé à sa hauteur. Il fallait dire à sa décharge qu'il ne courait pas bien vite. Ce n'était après tout pas comme s'il faisait un tel exercice tous les jours. Quand bien même il était bien conservé pour son âge, et tentait de maintenir un minimum d'exercice physique, l'endurance n'était en rien sa spécialité. Le jeune homme eut toutefois la décence de rester tout du long à sa hauteur, grimaçant apparemment à certains mouvements, séquelles de son "entrevue" avec le loup-garou, et jetant des coups d'oeil par dessus son épaule pour savoir où en était son agresseur.

Un agresseur qui malheureusement avait réussi à se libérer et reprenait sa chasse, les poursuivant de nouveau. André était persuadé ne pas tenir bien longtemps encore, son coeur semblant décidé à tout moment à définitivement le lâcher, à moins que ce ne soit son souffle qui ne décide de s'éteindre avant. Un point de côté le lancinait déjà et il sentait une pointe de culpabilité pulser au même rythme dans son esprit à l'idée qu'il allait tous les mettre en danger par son allure bien peu véloce. Mais qu'y pouvait-il ? Mis à part leur ordonner de le laisser en arrière et de courir plus vite. Ce qu'Elie aurait de toute façon refusé, la connaissant... Ell n'était pas sa garde du corps pour rien, après tout. Il s'attendait donc à tout moment à voir surgir la bête devant eux. Ses grognements furieux se rapprochaient déjà fort rapidement, et dans quelques minutes à peine tout au mieux elle serait sur eux. Mais c'était compter sans un certain chien, qui, étrange bête que celle-là alors, fit demi-tour... et dévia l'attention du loup dans une autre ruelle, éloignant le fauve loin d'eux... Grognements et aboiements s'éloignèrent peu à peu pour finalement ne plus se faire entendre. Après une rapide pensée pour ce brave chien qui venait sans doute de leur sauver la vie (étrange sensation alors que celle de devoir la vie à un canidé) au péril de la sienne, quand bien même la chien n'en avait nullement conscience n'obéissant sans aucun doute qu'à son devoir de fidélité, André se permit de s'arrêter.

De toute façon, permission ou non, il n'aurait pu aller plus loin. Sa cage thoracique ne semblait plus pouvoir contenir ni son coeur ni ses poumons qui criaient leur besoin d'air. S'appuyant lourdement contre mur, d'abord d'une main, l'autre sur les genoux, puis se retournant pour carrément s'adosser audit mur, André peinait à reprendre son souffle.

- Vous... Vous m'avez... sauvé la vie... jeune homme... Vous... vous et votre chien, haleta-t-il entre deux goulées d'air.

Effort surhumain alors que celui de parler pour lui. Il dut desserrer un peu son col pour tenter d'avoir plus d'air encore, geste futile et inutile certes, mais qui lui avait semblé d'instinct indispensable. Il ne put d'ailleurs s'empêcher de retirer le col blanc romain de sa soutane, qui semblait le gêner considérablement alors.

- Comment va-t-il ? demanda-t-il enfin à Elie, en désignant l'homme de main quasiment inconscient, son souffle haletant encore un peu.

André se demandait alors avec quelle force la jeune femme avait-elle pu porter son confrère pendant cette course de tous les diables. Certes, elle était entrainé, mais tout de même... Une femme porter le poids d'un homme, aussi léger soit-il...

- Comment allez-vous Monsieur ? S'enquit-il dans le même temps auprès de l'inconnu qui était venu le secourir.

Pas si inconnu que cela, lui souffla une petite voix quand son regard sombre se porta sur le jeune homme qui avait l'air quelque peu blessé. Il le connaissait. Il l'avait déjà vu. Il était sûr de pouvoir même mettre un nom sur ce visage... quand sa mémoire daignera redevenir fonctionnelle.

[HJ : en espérant que ca vous ira, sinon j'édite ;)]

"Hey! Le poilu par ici!"

L'inspecteur cligna des yeux lorsque sa cible se détourna de lui, il ne savait pas pourquoi mais il n'avait pu s'empêcher de penser que si trois balles n'avaient pas suffit à mettre à terre l'agresseur, quelques-unes de plus ne suffirait pas, même entre les deux yeux. Il n'aurait jamais la réponse toutefois puisque la bête lui tournait à présent le dos, occupée par un nouvel adversaire.
Un coup de feu, cette personne était armée ! Elle n'était pas des forces de l'ordre et elle avait une arme à feu ? Alors ça, cela n'allait pas du tout du tout ! Mais qu'est-ce qu'il racontait encore ? Ce n'était pas le moment de vouloir arrêter la nouvelle arrivante qui lui avait au passage sauvé la vie grâce à cette arme et zut pour l'illégalité.

Il tenta de percer l'obscurité pour mieux voir la fille, un rayon de lune vint l'aider et il ouvrit grand la bouche en s'apercevant qu'il la connaissait. Mais !! C'était celle qui lui avait échappé l'autre fois lors de l'affaire du suicide ! Comme quoi il avait eu du flair de penser qu'elle était suspecte, voilà maintenant qu'elle luttait avec des monstres sans foi ni loi et qu'elle leur tirait dessus !

"Courrez!! Il faut partir, VITE! Par ici, suivez moi!"

Et maintenant elle lui donnait des ordres... Bon c'était bien parce qu'il le fallait mais tout cela se réglerait à un moment donné, sauvetage ou pas sauvetage elle lui avait échappé il y avait peu et il n'avait pas aimé cela du tout !
Il grimaça en se relevant, analysa rapidement les craquements divers de son corps meurtri et en conclue qu'il n'avait rien de suffisamment grave pour l'empêcher de courir. Son épaule était démise certes mais au vu des circonstances il en ferait abstraction. Un rapide coup d’œil sur son chien qui semblait à peu près capable lui aussi de suivre et il se détourna pour détaler. Le premier homme était juste devant lui et il n’eut aucun mal à le rattraper, celui-ci n'était de toutes évidence pas un grand sportif et de plus certainement un peu moins jeune que les deux autres.

« Allez... »

Il avait sifflé entre ses dents en voyant l'autre ralentir à ce point leur fuite. A ce train là ils seraient vite rattrapé mais que faire, l'homme était apparemment hors d'haleine.
Ce fut Winsor qui résolu le problème, se détournant brusquement il fit en sorte d'attirer leur poursuivant loin d'eux. Le policier les vit disparaître au coin d'une rue et ne su pas trop si il devait laisser libre court à son soulagement, à son inquiétude ou à sa fierté pour l'intelligence de son chien. Brave Winsor... Il était bien plus malin que ce gros balourd et bien plus vif, il allait le semer. Du moins il y avait intérêt car il était la seule chose qu'il restait à Paul de son ancienne vie et il ne supportait pas de le perdre lui aussi...

Perdu dans ses sombres pensées il ne vit pas que l'autre s'était arrêté et manqua lui foncer dedans. Il freina toutefois, à peine essoufflé par cette énième course de la soirée, sale métier décidément... Il y avait des jours où il se disait que le métier de chirurgien n'était pas mal non plus...

Vous... Vous m'avez... sauvé la vie... jeune homme... Vous... vous et votre chien,

Il haletait sérieusement, c'était vraiment un miracle qu'il ai pu tenir jusque là mais Paul avait déjà fait l'expérience plusieurs fois de ces forces surhumaines que l'on pouvait déployer parfois, lorsque une vie était en jeu.
Il profita de ce que l'autre s'intéressait au sort du blessé pour le détailler un peu plus. Il avait retiré le col de sa... Soutane ? Tiens.. Un prêtre ?
Cette découverte flegmatique l'aurait sans doute laissé de marbre si son regard n'était pas remonté à ce moment là sur le visage soudainement éclairé par la lumière d'un lampadaire. Un visage qu'il connaissait bien..

Comment allez-vous Monsieur ?

Standfort... C'était bien lui, Paul en eu la confirmation quand il se retourna vers lui. Il le connaissait parfaitement du fait de la grande piété de lui et de sa famille qui avait été chaque dimanche à l'église avant le drame qui les avait frappés. C'était ce prêtre qui y avait officié très souvent et c'était lui encore qui l'avait reçu juste après le triple meurtre, c'était lui qui avait assisté à sa crise de fureur dans l'église alors qu'il était prêt à tout casser et qu'il avait renié dieu, son fils, le saint esprit et tous les saints dont il avait pu retrouver le nom. Il avait alors juré qu'il croyait toujours en Dieu mais que celui-ci n'était digne que de son mépris et de sa haine. Le croyait-il toujours ? Une rapide analyse de lui-même le lui confirma, il en voulait toujours à la terre entière et à ce soit disant Dieu qui avait laissé faire ne chose pareille. Il n'avait plus remis les pieds dans une église depuis, il était amusant de voir cette coïncidence qui faisait que le premier prêtre qu'il revoyait était juste le sien, SON prêtre qui l'avait eu en confession il ne savait combien de fois. Quelle sottise que ce truc là d'ailleurs maintenant qu'il y réfléchissait... Il avait certainement moins de choses à se reprocher que le soit disant tout puissant qui devait bien se moquer d'eux de là haut !

« Je survivrai... Mon père... »

Il avait planté ses yeux noirs dans le regard non moins sombre du prêtre, sachant que celui-ci le reconnaitrait très rapidement.

« Pour un homme de foi, vous avez de bien drôles de relations... »

Il parlait d'une voix froide, à présent qu'ils étaient tous à peu près en sécurité il était bien décidé à en savoir plus sur le monstre qui se baladait à présent dans les ruelles qu'il était censé protéger. Il voulait aussi savoir ce que faisait Standfort dehors à une heure pareille, pourquoi il avait été ainsi pris pour cible et surtout surtout, il était hors de question qu'il laisse la fille filer encore une fois ! Elle avait certainement pas mal de choses à lui dire, il se tourna vers elle et tendit la main comme pour la lui serrer mais au lieu d'un remerciement c'est un ordre qui fusa :

« Votre arme. »

Certes elle leur avait sauvé la vie mais la loi était toujours la loi et elle n'avait rien à faire avec une chose pareille entre les mains. Qu'elle s'estime déjà heureuse qu'il ne l'embarque pas illico presto pour détention illégale d'une arme à feu ! Enfin remarquez bien qu'il n'avait pas encore décidé de ce qu'il allait faire, déjà il voulait en savoir plus.

« C'est amusant comme le monde est petit non ? Les gens qui faussent compagnie aux forces de l'ordre en font souvent très rapidement l'expérience... Cette fois vous n'irez nul part et je veux immédiatement savoir ce qu'il se passe dans ces rues, qu'est-ce que c'était que ce monstre et que fait-il ici ? »

Il toisa les trois personnes présentes, elles se connaissaient toutes c'était certain et elles savaient des choses que lui-même ignorait. Pas de chance pour elles d'être tombées sur le policier le plus têtu de toutes les brigades réunies, il était clair qu'il ne les lâcherait pas avant d'avoir eux des réponses et qu'à moins de le tuer là séance tenante, ce qu'elles n'étaient certainement pas capables de faire, elles n'auraient jamais la paix. Sa voix claqua lorsqu'il exigea une réponse :

«Alors ? »

S'enfuir, c'était une solution qu’Élie détestait emprunter, mais avec des renforts si maigre, elle n'avait pas vraiment le choix, pas vrai ? L'adrénaline lui permit de maintenir le corps à demi conscient de James, l'homme de main, en semi équilibre sur son épaule, mais elle savait qu'elle ne tiendrait pas longtemps à ce rythme. C'est qu'il pesait son poids le bougre !
*Toi, dés qu'on se sort de là, je te colle au régime et à un entraînement intensif ! * grommela-t-elle pour elle-même. Un autre qui ne tenait pas la route était le père Standford... Normal, voilà bien des année qu'il n'avait pas du courir comme ça vu que, en général, il ne se frottait pas à ce genre de situation : Élie était souvent là et elle savait se montrer d'une efficacité redoutable dans son métier ! Elle hasarda un regard sur le policier qui les suivait toujours et son cœur sauta un battement : c'était celui qui avait faillit l'arrêter sur le pont l'autre jour à cause de cet individu sans scrupule ! Voilà qui lui donna une bonne raison de ne pas s'arrêter de courir ! Mais quand Le père André s'arrêta, elle ne pu se résoudre à le laisser seul avec lui. Risquer sa vie une fois par soir, ça suffisait assez pour cet homme, non ?

Elle profita du répit pour poser James par terre sans ménagement et, pour répondre à la question du prêtre, hocha les épaules et lui asséna une paire de claque sans ciller pour le faire réagir. L'homme de main ne fit que grogner légèrement sans vraiment reprendre conscience... Bon, certes, les cours de premier secours n'avait jamais vraiment passionné la jeune femme, et elle profitait plus de ce geste pour se défouler que pour réellement le réanimer mais bon...
« Si je le ramène rapidement au sanctuaire le plus proche, il devrait s'en sortir... Et je pourrait l’assommer à nouveau ! » fit-elle avec un sourire complice. Mais son visage s’assombrit bien vite lorsqu'elle entendit le flic lui ordonner de lui donner son arme. Et puis quoi encore ? Elle n'allait pas lui donner son pistolet quand même ! D'une part, c'était un cadeau de ses parents, il était spécialement adapté pour tirer des balles en argent, et elle s'y était attaché depuis le temps, ce petit objet lui ayant sauvé la vie bien plus d'une fois ! Et de deux, si le chien arrivait à semer le loup, il reviendrait tôt ou tard, et si ce n'était pas eux qu'il attaquerait, ça serait un passant innocent. Elle avait déjà eut du mal à le maintenir à distance d'eux avec si peu de matériel et d'aide, alors si en plus elle comptait le rattraper à main nue, elle ne risquait pas de passer la nuit !

« D'habitude je me contente d'un merci... » lança-t-elle d'un ton froid, les bras croisés. « Mais vous avez raison, le monde est petit, et si vous m'aviez arrêtez la dernière fois, vous ne seriez plus là pour vous en plaindre, non ? » un petit sourire ne pu s’empêcher d’apparaître en coin sur ses lèvres. Il était vraiment d'une arrogance sans borne ce type ! Elle lui sauver la vie et il râlait encore ! C'était décidé, elle le détestait ! Si le loup revenait, elle ne bougerait pas ! Mais en même temps, si il n'avait pas été là, lui et son chien, elle serait certainement en train de rassembler les pièces du puzzle Standford éparpillés un peu partout dans le quartier... D'un côté, il faut reconnaître qu'il ne fait que son travail... Mais il arrive un moment où il faut savoir faire la différence entre ce qui est bien et mal, et accepter les nuances de gris et leur laisser leu armes !!!

« Et si une nouvelle attaque se produit, je ne donne pas cher de nos peaux si vous me confisquez mes armes. On en reparlera quand on sera vraiment en sécurité et que j'aurais finis mon travail... » conclu la jeune femme en lançant regard noir sur James en prononçant sa dernière phrase. « Quant à ce qui se passe dans ses rues, c'est vous la police non ? Ce serait plutôt à vous de nous dire pourquoi un prêtre se fait attaquer le soir dans un quartier plutôt tranquille , n'est-ce pas ? Mais en attendant, il faut continuer à avancer, il pourrait revenir... Père André, vous tiendrez le coup ? »
Bon, certes, elle en faisait peut-être un peu trop, et vu leur dernière rencontre, elle ferait mieux de se faire toute petite pour qu'on l'oublie. Mais ce sentiment d'injustice et d'être prise pour une poire était plus fort que la raison. Heureusement, sa conscience, le père Standford, était toujours là pour lui rappeler le droit chemin... Peut-être que lui parviendrait à convaincre ce malade !

Cette voix. Et ce visage. Il connaissait le jeune homme. Sa mémoire n'était pas aussi vacillante qu'elle voulait bien le lui faire croire. Maintenant qu'ils n'étaient plus dans le feu de l'action, même si pas encore tout à fait à l'abri, Standford sentait tous ses souvenirs concernant ce jeune homme affluer tel un raz de marée des plus puissants. Nevada. Paul Nevada. Chirurgien de son état, marié et ayant fondé une belle petite famille des plus croyantes qui venaient régulièrement à son église. Quelle déception alors et quelle douleur il avait ressenti quand ce jeune homme s'était détourné de Dieu suite à la tragédie qui avait frappé ladite famille. Non pas déception envers Paul, il pouvait aisément comprendre, mais déception de lui-même de n'avoir pas su consoler et alléger la souffrance du chirurgien alors. Déception de n'avoir pas réussi à le sortir de ce cercle haineux et rageur qui semblait s'éprendre peu à peu de Paul. Oui, maintenant qu'ils étaient "calmement" face à face, étrange destin qui les réunissait de nouveau, lui qui aurait cru pourtant avoir totalement échoué et ne plus avoir auune occasion de revoir Paul, de le ramener possiblement sur la voie de Dieu... Oui, maintenant qu'ils étaient face à face, il se souvenait du jeune homme. Il se souvenait de tout.

« Pour un homme de foi, vous avez de bien drôles de relations... »

- Tout dépend desquelles vous parlez, répondit-il dans un souffle, peinant encore à reprendre une respiration tout à fait normale. Mais oui, mes relations peuvent paraître parfois étranges. Je ne fais pourtant suivre que la voie de Dieu.

Il ne s'avança toutefois pas plus loin dans un quelconque prêche qui pourrait être bien mal reçu en de telles circonstances et avec un tel jeune homme enragé. Car oui, André puvait pleinement ressentir la rage qui animait encore Paul. Il ne put alors qu'assister, tout d'abord impuissant, à l'échange houleux entre le policier et la petite Elie. Petite Elie qui faisait montre d'une insolence bien taquine qu'il ne lui connaissait peu. Sans doute n'osait-elle pas en général montrer cette facette de sa personnalité en sa présence. Il la connaissait taquine, mais pas au point de tenir tête ainsi à une forme d'autorité. Voilà en tout cas un trait de caractère plutôt amusant et intéressant.

- Ne vous bagarrez pas, les enfants, intervint-il enfin, d'une voix enfin posée et quasiment dénuée de tout essouflement.

Même s'il sentait encore son point de côté l'élancer terriblement. Et son épaule griffée le tirailler détestablement aussi.

- Je pense que le danger nous guette encore et que nous devrions unir nos forces. Du moins le temps de nous mettre à l'abri. Gardons notre calme et notre sang-froid. Les réponses, se disant il adressa un regard appuyé vers Paul, viendront en temps et en heure, je vous en donne la promesse.

Et André n'était pas du genre à promettre à la légère. Les deux jeunes gens le connaissaient suffisamment pour lui accorder ce crédit. Certes, cela voudrait dire certainement devoir dévoiler certaines choses sur l'ordre, mais... vu ce à quoi avait pu assister Paul, il estimait ne pouvoir y échapper. Pas totalement du moins.

- Conduis-nous donc au "sanctuaire" le plus proche, Elie. Je devrais tenir jusque-là.

Et se disant, il se redressa doucement mais sûrement, sentant ses muscles fort éprouvés protester sous l'effort. Mais il n'était après tout pas le plus mal en point, et se devait de prendre sur sa douleur physique, en en faisant offrande à Dieu, pour ne pas se montrer un poids de plus pour les autres. Sur ses bonnes résolutions, il entreprit même d'aider Elie à porter l'homme de main encore inconscient, chacun soutenant l'homme en passant un bras par dessus leur épaule et le trainant/portant tout le long du chemin, guidant Paul vers l'un des souterrains qui leur servaient d'abris en cas de tels dangers. Il s'agissait souvent d'anciennes catacombes soit-disant désaffectées, ou de sous-sols d'église dont on leur avait consacré l'accès, sous le sceau du vatican.

Après une petite vingtaine de minutes, le petit cortège s'engouffrait dans l'un de ses sous-sols, arrivant après une descente d'un long escalier aux marches fort inégales et plutôt glissantes, dans une vaste salle au plafond bas et aux murs pierreux, qu'ils durent éclairer à l'aide de vieilles lampes à huile accrochées aux murs. Elie put déposer le blessé sur la longue table qui trônait au milieu de la salle, pendant que Standford s'accordait de s'asseoir, faisant signe à Paul de faire de même, espérant d'ailleurs secrètement que Paul occulterait la salle fermé sur leur gauche où étaient entreposées quelques armes d'appoint.

- Il semble juste inconscient mais son pouls est stable, conclut André après avoir rapidement examiné le bel au bois dormant.

Il n'était certes pas médecin, et ne pouvait assurer que l'autre était complètement hors de danger, mais en tout cas ses maigres connaissances médicales lui permettaient de dire que à l'heure actuelle, ses paramètres vitaux étaient stables. Jusqu'à quand, il n'aurait su dire toutefois.

- Il lui faudrait toutefois des soins rapidement je pense, ajouta-t-il soudain pensif, tentant de réféchir à toutes les solutions qu'ils avaient sous la main.

D'ordinaire, quand ils étaient en Italie ou tout proche, les blessés étaient tout bonnement transférées à l'hopital du Vatican qui prenait tout en charge et où l'on évitait aussi toutes questions indiscrètes et gênantes. Mais ici, à Londres, ils étaient bien trop éloignés. Et si en cas de blessures non vitales, André aurait certainement pris le risque d'un tel transfert qui aurait duré plusieurs jours, il pressentait que dans le cas présent l'homme ne pourrait supporter un trajet si long et si délicat. Il lui fallait des soins professionnels de suite.

L'emmener dans un hopital pulic était alors la solution la plus simple qui assurerait une survie à l'homme blessé et surtout un prompt et bon rétablissement. Mais cela équivaudrait à devoir rendre des comptes, trouver des excuses, des mensonges, et devoir ensuite encore se faire rabrouer par le Vatican pour attirer ainsi l'attention. Il leur faudrait donc trouver un médecin qui puisse assurer des soins et le suivi sans poser trop de questions. André déplorait alors le décès de son vieil ami médecin londonien qui aurait pu les aider en cas pareil. Dès lors il n'avait plus aucun médecin sous la main à Londres pour les aider en de telles situations...

"Si, vous avez un médecin sous la main", le stoppa soudain une petite voix dans son esprit, alors que son regard se tournait vers Paul.

- Monsieur Nevada, si je ne me trompe... vous étiez médecin avant d'être dans les forces de l'ordre, n'est-il pas ? Pensez-vous... que vous pourriez... lui assurer les premiers soins ? Enfin... une fois que vous vous serez soigné vous-même, ajouta-t-il vivement, constatant alors que Paul semblait lui aussi plutôt blessé. Si du moins vous pensez pouvoir assurer vos soins vous-même, ajouta-t-il encore, doutant soudain que Paul puisse soigner une telle blessure seul.

A moins qu'il ne leur indique quoi faire ? Mais sans doute l'homme voudrait-il se rendre à l'hopital, solution la plus logique et la plus raisonnable pour un homme n'ayant rien à cacher. Et ce, André ne pourrait décemment l'en empêcher. Cela voudra donc dire comptes à rendre et mensonges en perspectives, pensa-t-il, en poussant un long soupir de lassitude tout en se frottant l'arrête du nez d'une main, sentant la migraine pointer son nez d'ici peu.